Débatmilitant | ||||||||||
Lettre publiée par des militants de la LCR |
n°134
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4 janvier 2007
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Sommaire : | ||||||||||
Nos vux à tous les Don Quichotte | ||||||||||
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Nos vux à tous les Don Quichotte
La mobilisation
des " sans domicile fixe " qui rencontre une large sympathie dans
l'opinion impose, aujourd'hui, aux politiciens, aux médias, de reconnaître
l'évidence, le recul social, l'appauvrissement, dont la question du logement
est si révélatrice.
C'est le campement de tentes des Enfants de Don Quichotte avec des SDF, le long
du canal St Martin à Paris, action qui est en train de s'étendre
dans plusieurs grandes villes, c'est la réquisition par Droit Au Logement
de 1000 m² de bureaux, pour les transformer en " ministère
de la crise du logement ", qui font éclater au grand jour ce
scandale.
Dans un des pays les plus riches du monde, près de cent mille personnes
n'ont aucun domicile. Près d'un million logent dans des meublés,
" hôtels ", cabanes, ou en camping permanent. Plus
de deux millions vivent sans WC, salle d'eau, ou chauffage.
Proches de ces conditions catastrophiques, six millions de personnes sont en
situation difficile : locataires avec des impayés de plus de deux
mois, petits propriétaires ne pouvant plus réparer leurs logements
délabrés, d'autres hébergés en dépannage
chez des proches, et tous ceux qui ont des appartements trop petits, selon les
critères même de l'Etat.
Cette réalité insupportable sort de l'ombre médiatique
grâce à la mobilisation. Mais ces chiffres sont donnés par
l'Etat lui-même. Ils sont connus de tous ceux qui font semblant de découvrir
aujourd'hui l'ampleur du problème, à commencer par Chirac, Sarkozy
ou Royal qui, dans leurs vux, s'indignent de cette situation. Ils voudraient
faire oublier qu'eux et leurs partis, au pouvoir depuis 25 ans, avec le patronat,
portent l'entière responsabilité de cette situation.
Après avoir exprimé son mépris pour la mobilisation des
SDF, qualifiée de " poudre aux yeux " par la ministre
à la cohésion sociale Catherine Vautrin, le parti de Sarkozy annonce
qu'il faut que " chaque Français
puisse devenir propriétaire
de son logement ". Vous ne pouvez pas louer ? Achetez donc !
" Eh bien, qu'ils mangent de la brioche " disait
Marie-Antoinette
En attendant, les mesures annoncées par Villepin,
sous la pression de la mobilisation, révèlent le mépris
du parti au pouvoir pour la population. Il faudra attendre 2012 pour qu'un vague
" droit au logement opposable " s'applique, ce qui
ne signifie nullement qu'il y aura un logement pour tous. Derrière des
discours populistes, la politique de l'UMP va continuer de favoriser propriétaires
et spéculateurs, à l'image de la nouvelle " garantie
des risques locatifs " et des mesures soi-disant sociales de Borloo,
qui ont débouché sur des cadeaux fiscaux aux plus riches et aux
promoteurs privés
et sur une réduction de près de
10 % en trois ans du nombre de vrais logements sociaux, destinés
aux plus pauvres.
Dans l'opposition, Royal peut sembler plus à l'aise pour prendre une
tonalité affectée : " Il est insupportable que,
en 2006, il y ait tant de gens qui dorment dans la rue. " Mais
l'aveu involontaire vient vite : " Chaque hiver, on fait mine
de découvrir le problème qu'on s'empresse d'oublier dès
le printemps venu. " (Journal du dimanche, 31 décembre
2006). Sans doute un souvenir de sa participation à un gouvernement qui
avait promis d'atteindre le nombre de zéro SDF.
Les SDF en lutte ne sont pas dupes, et c'est aussi tout leur mérite que
d'obliger les professionnels de la promesse électorale à prendre
position publiquement.
Suite à la déclaration de Villepin, la plupart des associations
annonce que ça ne fait pas le compte et qu'elles restent vigilantes.
Le DAL continue de revendiquer les réquisitions, un de ses militants
expliquait il y a peu " Chirac décrète. Nous, nous
appliquons ". Et le DAL rappelle qu'il est " habitué
aux promesses non tenues " et appelle " à
une extension de la mobilisation afin qu'elle se concrétise avant les
échéances électorales ".
" Nous
exigeons toujours que le gouvernement réquisitionne les logements vides ".
Ni pour l'UMP, ni pour le PS, il n'est question de réquisitionner immédiatement
les dizaines de milliers de logement vides existants, pas plus que de s'attaquer
aux intérêts des promoteurs, et à la spéculation
immobilière, directement responsables de la crise.
L'action collective contribue à déchirer un peu plus le voile,
à mettre à nu la violence des injustices, et l'hypocrisie des
gouvernants. Même Chirac s'aperçoit que ce " monde
n'a jamais été aussi riche et aussi pauvre à la fois ".
La pauvreté explose tandis que dans toutes les Bourses de la planète,
on trinque aux nouveaux records de cette année 2006. Le lien est évident,
l'appropriation privée des richesses par une minorité parasitaire
est la cause de la crise sociale.
Face à cet égoïsme, les SDF, dont un sur trois ont un travail,
par leur lutte, affirment le droit au logement. De la même façon,
c'est par la mobilisation et la constitution de réseaux de solidarité,
parfois clandestins, que parents et enseignants, avec le Réseau Education
Sans Frontière, ont imposé cet été à Sarkozy
la régularisation de milliers de sans-papiers. Au printemps, c'était
la jeunesse qui, par une lutte d'ensemble, démocratique, capable d'entraîner
avec elle des centaines de milliers de salariés, faisait reculer Villepin
et Chirac sur le CPE, et obligeait l'Assemblée à défaire
en partie sa propre loi.
C'est là notre programme, l'intervention collective et directe du monde
du travail, pour ses droits, au nom de la solidarité, du droit de jouir
des richesses qu'il produit, contre les intérêts privés,
parasitaires, de la finance, de ceux qui au nom de leur propriété
peuvent jeter à la rue des millions de gens, sans travail, sans logement.
Dans la continuité des mobilisations qui se renouvellent depuis 1995,
face à ce système ravageur, impossible à réguler,
l'action collective et démocratique du monde du travail se poursuit et
transforme les consciences. En luttant pour les droits élémentaires,
à un emploi, à un logement, à un revenu digne, l'idée
que ce n'est pas dans les urnes qu'on peut changer la société
gagne du terrain. C'est par les luttes qu'on pourra changer le rapport de forces,
et imposer ces exigences.
Alors, tous nos vux vont au succès de ces résistances et
de ces luttes qui travaillent, patiemment, avec ténacité et obstination
à changer le monde. A tous ceux qui y participent, travaillent à
leur convergence, à tous ces Don Quichotte qui sont convaincus que l'avenir
du monde est entre les mains des opprimés. Tous nos vux aussi pour
que la campagne d'Olivier Besancenot puisse aider à la confluence de
ces mille et une forces qui sont à l'uvre pour qu'elles deviennent
un parti démocratique et révolutionnaire pour l'émancipation
des travailleurs et de toute la société.
Franck
Coleman