Débatmilitant | ||||||||||
Lettre publiée par des militants de la LCR |
n°187
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31 janvier 2008
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Sommaire : | ||||||||||
Une nouvelle étape | ||||||||||
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" Cours,
camarade, le nouveau nouveau monde est derrière toi ",
conclut, en traitant par la dérision un slogan de mai 68, l'éditorial
des Echos du 30 janvier, signifiant par là l'importance du tournant
que connaît l'économie mondiale, qu'il résume en deux mots :
" croissance lente et prodigieux basculement ". La
crise des subprimes, la chute du dollar, le krach boursier de la semaine dernière,
le scandale de la Société Générale sont autant de
signes du décrochage entre la bulle financière globalisée
qui engloutit tous les profits et le développement de l'économie
mondiale. L'emballement du crédit, l'explosion de la production en Chine,
en Inde, au Brésil, la surchauffe de l'économie mondiale qui entraîne
la hausse des prix du pétrole et des matières premières,
exacerbent les contradictions du capitalisme libéral et mondialisé
: une économie qui fonctionne à crédit, dans un océan
de dettes, de créances douteuses, et qui doit dégager toujours
plus de profits pour alimenter la masse sans cesse croissante des capitaux à
l'avidité sans limite, développant et aggravant ainsi l'exploitation
des travailleurs et des peuples. Le décrochage entre la bulle financière
et la capacité de l'exploitation à dégager de profits est
inévitable, il aboutit nécessairement à un krach brutal
ou rampant, à un ralentissement de l'économie ou à une
récession
L'économie
mondiale connaît un tournant après l'euphorie, l'emballement spéculatif
des dernières années. La réalité se rappelle au
monde de la finance. L'exploitation du travail humain ne peut satisfaire l'avidité
sans limite du capital. Simple ralentissement comme aimeraient le croire les
économistes officiels ou récession, quoi qu'il en soit, le mythe
du " nouveau nouveau monde " s'effondre pour céder
la place à un monde où les tensions sociales, politiques, internationales
s'exacerbent, où l'instabilité s'accroît.
Les pays comme
l'inde, la Chine, le Brésil seront pour une plus large part obligés
de se tourner vers leur marché intérieur alors que les USA connaîtront
une crise chronique, celle d'une hégémonie contestée. La
nécessité de faire baisser les coûts de production a conduit
au développement des multinationales, à l'augmentation des investissements
dans les pays pauvres à la main d'uvre bon marché. Depuis
2000, les pays riches ont augmenté leur production de 19 % alors
que les pays dits émergents ont augmenté la leur de 69 %.
Leur développement est totalement dépendant des USA, mais la crise
même de ces derniers oblige à la recherche de nouvelles voies,
à la contestation, par ces pays, de l'hégémonie américaine
pour assurer leur propre développement.
L'ensemble de l'économie
mondiale rentre dans une nouvelle phase d'exacerbation de la concurrence qui
s'exprime en particulier par une instabilité monétaire. Le capitalisme
n'a jusqu'alors réussi à réguler les échanges internationaux
que grâce à la domination d'une puissance et de sa monnaie sur
le monde. Au XIXème siècle, ce fut l'Angleterre et la livre Sterling.
L'affaiblissement de sa domination de par le développement capitaliste
de la France, de l'Allemagne puis des USA, fut à la fois une des causes
et une des conséquences des deux guerres. Après la deuxième
guerre mondiale, Bretton Woods institua le règne des USA et du dollar.
Le XXIème siècle connaît une contestation de cette hégémonie
dont témoigne la chute du dollar.
L'Europe sera-t-elle
capable d'imposer l'euro comme monnaie internationale à égalité
avec le dollar, quelles-en seraient les conséquences
Sera-t-elle
même capable d'avancer dans son unification économique et politique,
de devenir une puissance capable de s'opposer à la domination américaine,
ou bien les travailleurs et les peuples d'Europe seront-ils capables d'apporter
leur propre réponse à la crise du capitalisme mondialisé
où s'affrontent l'Asie et l'Amérique. C'est sans doute une des
questions clé dont dépend l'avenir.
Ce basculement
économique crée autant de crises potentielles, de possibilités
aussi pour le mouvement ouvrier de connaître un nouvel essor et dans les
pays dits émergents et dans les pays riches. Cette évolution façonne
un nouveau monde dans lequel s'opère, envers et contre tout, de façon
anarchique et brutale, une péréquation, une nouvelle répartition
des richesses qui est la conséquence du développement de la classe
ouvrière à l'échelle mondiale comme jamais auparavant.
Le capitalisme
n'avait, à la fin du XIXème siècle, réussi à
résoudre la question sociale qu'en s'engageant dans la voie impérialiste,
en y engageant " sa " classe ouvrière, en dégageant
de l'exploitation coloniale et impérialiste des surprofits qui lui permirent
d'acheter la paix sociale.
Tout cela est bel
et bien fini. " Prodigieux basculement ", certainement,
d'autant que les anciens pays dominés, ayant conquis par leurs luttes
héroïques l'indépendance nationale, conquièrent une
nouvelle place dans le monde.
L'humanité
paye un lourd tribut à ce développement anarchique qu'illustre
la crise écologique globalisée qui menace la planète et
touche en premier lieu les pays pauvres, les classes populaires.
Ce basculement dans un monde de crises, d'instabilité croissante, de
régression sociale, d'exacerbation des rapports de classes, s'accompagne
d'un basculement politique, d'une offensive politique de la bourgeoisie ralliant
à elle les idées réactionnaires, flattant les préjugés,
ne trouvant d'autre moyen de masquer sa brutale domination sous un voile d'apparente
humanité qu'en battant le rappel des religions
Cette offensive
sociale et politique ne pourra que de plus en plus difficilement se prévaloir
de la démocratie et de la paix, elle n'aura d'autres masques que celui
des préjugés réactionnaires des classes dominantes. Résister,
défendre les droits des exploités, des opprimés, exigera
un affrontement politique contestant cette offensive réactionnaire et
le droit de l'aristocratie financière à diriger le monde.
Le profond sentiment
anticapitaliste qui déjà sourd des lieux de travail comme des
cités et des quartiers aura besoin d'une conscience révolutionnaire,
c'est-à-dire de la claire conscience que pour se défendre, faire
avancer ses droits, la classe ouvrière doit pleinement préserver
son indépendance du patronat, des institutions, de l'Etat, qu'elle doit
avoir sa propre politique et qu'il ne lui sera pas possible d'échapper
à la contestation du pouvoir des classes dominantes.
Ce basculement
du monde lance un défi au mouvement ouvrier dans le même temps
qu'il souligne que l'avenir de l'humanité ne peut appartenir à
une société fondée sur le règne de la propriété
privée capitaliste. Il l'entraîne dans une évolution où
se révèle la faillite des politiques réformistes, la vanité
de prétendre défendre les droits des travailleurs et des peuples
tout en composant avec le système. A cette faillite des idées
réformistes, nous opposons la nécessité de révolutionner
le monde, c'est-à-dire de mettre fin à la domination des classes
parasites du travail humain pour instaurer le pouvoir démocratique des
travailleurs, l'appropriation collective des moyens de production, la planification
de l'économie en fonction des besoins de la population. C'est cela le
socialisme, le communisme.
A la concurrence
capitaliste, nous opposons la solidarité des opprimés.
C'est dans ce contexte
que, le week-end dernier, s'est tenu le congrès de notre organisation.
A une très large majorité, nous avons décidé de
relever le défi, de mettre notre organisation au service de la construction
d'un nouveau parti des travailleurs, des opprimés, qui réponde
aux besoins de la situation nouvelle. Nous engageons nos forces dans un vaste
travail d'organisation dans l'objectif de regrouper le plus largement possible,
dans un même parti, toutes celles et tous ceux qui entendent se donner
les moyens de contester collectivement le pouvoir des financiers et leur serviteur
Sarkozy et qui tirent les leçons de l'impuissance de la gauche institutionnelle.
Dans cette perspective, nous nous adressons à tous les militants et sympathisants
du parti socialiste et du parti communiste, à ceux de l'extrême
gauche, en particulier de Lutte ouvrière.
L'heure n'est pas
aux divisions, aux batailles de chapelle, mais bien à regrouper toutes
les forces anticapitalistes et révolutionnaires dans un cadre démocratique.
Le courant Démocratie
révolutionnaire et Débat militant défendent cette perspective
depuis que les premiers éléments qui la sous-tendent ont commencé
à se former et à s'exprimer en 1995, après qu'Arlette Laguiller
ait fait plus de 5 % des voix à l'élection présidentielle
et le mouvement de novembre-décembre. Ces éléments se sont
renforcés, approfondis, le besoin, la nécessité d'un nouveau
parti des travailleurs devient une urgence face à l'effondrement du PCF,
et c'est avec une grande satisfaction que nous accueillons la décision
de notre dernier congrès. Nous voudrions solliciter, encourager tous
nos lecteurs à prendre toute leur place dans la bataille qui s'engage.
Débat militant
participera, sous une nouvelle forme, aux nécessaires débats et
discussions que susciteront les multiples problèmes que le mouvement
anticapitaliste et révolutionnaire aura à affronter, résoudre,
surmonter
Une nouvelle étape
commence. Cours, camarade, un nouveau monde est devant toi
Yvan
Lemaitre